JUSTE BRUNE
Juste Brune
Pas vraiment sculpteur
Inapte à réaliser ton portrait,
Celui du chat, pas la moindre rosace,
Aucune technique, pas d’école boule
Pas d’école tout court.
Juste l’envie d’gratter, d’frotter,
Torturer d’la matière,
La faire parler, vous parler,
M’causer , m’chercher,
Séduire vous et moi.
Pas vraiment un Artiste
Et puis c’est quoi ça ?
Faut savoir causer pour ça !
De rien, en dire n’importe quoi
Donner un sens à ce qui n’en a pas
J’ai pas été à c’t’école
J’ai pas les mots
Juste les maux
Les maux d’une vie
Dans laquelle y en a plusieurs
Où y a trop d’morts aussi
Alors j’gratte, j’frotte
J’torture d’la matière
Pour oublier, se souvenir
Séduire vous et moi
De toutes ces vies qui s’emberlifiquotent
Ni Sculpteur, ni Artiste
Par ignorance,
Ça n’a pas d’importance
J’suis juste Brune
Trois fois papa
Epoux séropo
Toxico pas l’choix
Pas d’quoi faire un show
Alors j’gratte, j’frotte
J’torture d’la matière
Pour donner un sens ou non sens
A toutes ces vies et non vies
Trouver sa place, laisser une trace
C’est pas un pari
Juste une nouvelle vie, cent fois détruite
Et juste reconstruite avec sa bite et son couteau
Pour y croire encore un pt’it peu
Séduire vous et moi…
Encore…
Alors j’gratte, j’frotte
J’torture d’la matière
Là où tout n’est qu’escroquerie, manipulation
Là où l’humain ne l’est pas
J’m’enferme dans mon atelier
Comme on l’fait avec ses erreurs, certitudes,
L’héro, ou sa p’tite culture judéocrétine
Et même si à chacun sa peine,
J’ai pas fini d’gueuler, d’fumer d’l’artifice,
D’boire du rouge, d’manger d’la blanche,
D’chier cette trithérapie, d’pleurer les amis
Et les années d’perdues
D’faire avec ou sans
D’faire semblant, pour de vrai
Alors j’gratte, j’frotte, j’torture d’la matière
J’aurais pu t’raconter des histoires
Des shoots bien gores
D’l’amour que j’lui porte encore,
Du manque d’la cambriole
D’la prison à l’H.P
D’la manche à la déchéance
Mais à quoi bon t’faire peur
Alors j’gratte, j’frotte, j’torture d’la matière
A la fois charmante et troublante
D’l’amour à la compassion
Ce sang contaminé a jeté un voile sur ma vie
Un Tchador sur mon sort d’où perce encore
Un regard mystérieusement
Inquiétant, puis séduisant, pour encore,
Voir plus loin, voir demain, le ch’min
Qui s’ouvre à moi
Alors j’gratte, j’frotte, j’t…